Les membres de La France insoumise caractérisent le budget proposé comme étant « plus déplorable » que celui élaboré par Michel Barnier. Cependant, ce dernier devrait être validé ce mercredi 5 février. Deux motions de censure seront discutées à l’Assemblée nationale à compter de 15 h 30, seulement deux jours après l’activation du 49.3 par le Premier ministre.
Si la première motion concernant le budget national est annulée, alors la France disposera d’un budget pour cette année. En ce qui concerne le projet de loi relatif au financement de la Sécurité sociale (PLFSS), d’autres activation du 49.3 pourraient survenir dans les jours à venir, incitant La France insoumise à présenter des motions de censure supplémentaires. Cette journée pourra servir d’exemple : si la motion contre le budget échoue, il n’y a aucune raison qu’une motion contre le PLFSS réussisse.
La neutralité cruciale du PS et du RN face aux motions
Afin d’éclaircir la situation, il semble que tant le Parti socialiste que le Rassemblement national optent pour une position similaire concernant les deux textes : pas question d’apporter un vote négatif. Le RN, qui était resté discret ces derniers jours sur sa stratégie dans l’hémicycle, a finalement clarifié sa position mardi dernier. Bien que l’annonce officielle soit imminente, Jordan Bardella, leader du parti, a déjà déclaré sur Europe 1 et CNews qu’il ne souhaitait pas amplifier « l’instabilité » actuelle dans notre pays avec une censure qui pourrait engendrer selon lui « des répercussions économiques bien plus sérieuses » que celles observées lors de la chute gouvernementale sous Barnier où ils avaient également participé.
D’ailleurs, leur implication n’est pas un fait anodin puisque lors du vote en date du 4 décembre dernier où gauche et extrême droite avaient mis un terme au mandat éphémère de Michel Barnier — ayant duré moins de trois mois — avec un score atteignant 331 voix contre seulement 288 nécessaires au dépôt d’une motion effective pour renverser son gouvernement. Ce scénario se présente complètement différemment ce mercredi : sans les soutiens essentiels provenant des voix socialistes ou des alliances entre RN et UDR (ciottistes), aucune opportunité réelle n’existe pour ces motions.
Eric Coquerel, député ainsi que président de commission financière a averti mardi via RTL qu’une « rupture » serait assurée avec tous les socialistes ne soutenant pas cette démarche censitaire ; tandis que Jean-Luc Mélenchon soulignait ironiquement que « le NFP est réduit d’un parti ». Olivier Faure lui répondit en affirmant leur choix non pas comme soutien inconditionnel au gouvernement mais plutôt une volonté affirmée « de ne pas s’investir dans un mouvement vers bas». Le centre névralgique ainsi qu’une partie notable du gouvernement ont salué ‘l’esprit constructif’ démontré par leur formation politique.
Suspension temporaire pour François Bayrou
Cependant dès lundi dernier ; le Parti socialiste a pris soin de préciser qu’il n’apporterait aucun vote défavorable sur ce budget « dans l’intérêt supérieur » du pays tout en envisageant également une mise en place ultérieure d’une motion spontanée post-adoption prévue pour la semaine suivante en réponse notamment aux critiques formulées contre “la crise migratoire” évoquées récemment par notre Premier ministre devant ses homologues désireux aussi capitaliser là-dessus lors des débats parlementaires à venir.
Toutefois cet argumentaire peinera probablement à convaincre peu ou prou le RN qui semble déterminé quant à son opposition ici ; garantissant presque certainement au Premier ministre une prolongation supplémentaire dans ses fonctions officielles tout en espérant – y compris dans son propre camp – pouvoir développer bientôt plus explicitement sa feuille politique afin nourrir les débats prévus.