L’apaisement entre Paris et Alger : une nécessité inéluctable face aux limites de la France, selon le chercheur Hasni Abidi

D’après l’analyste, réduire la ⁤problématique des ​influenceurs⁤ à cette crise serait une simplification inappropriée. En réalité, l’attitude de Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, semble⁣ particulièrement irritante pour le gouvernement algérien.

Publié le 11/01/2025 à 10h53

Temps de lecture ‌: 2 ‍minutes

Hasni Abidi,⁤ politologue et directeur ​du⁣ Centre d'études et de⁤ recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) basé à Genève.

Hasni Abidi,​ expert en politique au Centre ⁣d’études et de recherche ​sur le monde arabe et ​méditerranéen (Cermam) à Genève, a souligné que les tensions entre la France et l’Algérie ⁤se ‌distinguent​ des crises antérieures par leur intensité croissante. Ce climat‍ est jugé « potentiellement ⁤plus dangereux« , ⁢car​ il se⁣ dégrade rapidement.

Le ‌vendredi précédent,‍ Jean-Noël Barrot, ministre ⁣des Affaires étrangères françaises, a‍ mis en garde Alger en déclarant que si les autorités algériennes persistaient dans leur attitude conflictuelle, ⁣la France n’aurait d’autre choix que ‍d’adopter des mesures ‍réciproques. Parmi celles-ci figurent la restriction de délivrance de​ visas ou une réduction du soutien au ‍développement. Pourtant, Hasni Abidi rappelle qu’en 2021⁢ déjà la France avait fortement réduit le nombre de visas accordés aux ressortissants du Maghreb ‌sans effet significatif observable.

Par ailleurs, ⁤il souligne que ‍les capacités françaises ‌en matière de sanctions économiques sont limitées ⁣sans⁤ un consensus avec l’Union européenne pour agir contre ⁣un pays stratégiquement important comme l’Algérie qui est un producteur clé dans les secteurs pétrolier et gazier. « Il existe certes quelques remous »,‍ dit-il encore avant d’ajouter : « je⁢ pense qu’évoquer ces sanctions par le ministre Jean-Noël Barrot ‍demeure infondé sans obtenir préalablement l’assentiment du⁢ président. »

Les relations franco-algériennes ont pris‌ un tournant négatif suite au refus récent d’Alger concernant ‌le rapatriement d’un influenceur algérien expulsé par Paris pour ses ⁢incitations à la⁤ haine sur divers médias sociaux. Cette situation​ a provoqué une⁣ réaction forte chez Bruno Retailleau⁤ qui estime qu’Alger tentait intentionnellement de​ rabaisser la France sur scène internationale. Toutefois selon Hasni Abidi ⁤: „ce recentrage sur une affaire migratoire ‍serait trop limitatif“. Il suggère​ plutôt que⁣ c’est « l’activisme excessif » du‌ ministre Retailleau qui est source ⁤principale​ des tensions actuelles‍ avec Algérie.

L’expert⁤ appelle ‌donc à revenir vers⁤ un dialogue‌ mesuré afin de restaurer une⁣ forme « statu quo » dans cette⁤ relation bilatérale souvent tumultueuse.

Quitter la version mobile