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À quelques encablures de l’hôtel de ville, dans un dédale de ruelles qui semblent désormais oubliées, se cachait un monde révolu. Ce lieu évoquait les récits cinématographiques d’antan, immortalisés par des films historiques sur le Panier. Malheureusement, il ne reste pratiquement plus aucune trace de ce quartier jadis réservé. Les seules vestiges visibles sont ces photographies.
Berceau du milieu marseillais : crimes organisée et divers trafics © France Télévisions
Un secteur poli-politique cloisonné
Avec la montée des colonies, le développement des docks a vu Marseille devenir une plaque tournante pour les marins, militaires et immigrés en quête d’une vie nouvelle. C’est alors que la prostitution a commencé à fleurir sans contrôle. Les autorités ont jugé bon de restreindre cette activité scandalous dans les vieilles rues animées du popularisme local—le domaine des dockers et des immigrants italiens—loin des regards désapprobateurs de la bourgeoisie locale.
Le quartier réservé s’est ainsi transformé en une zone dite « chaude », « rouge », circonscrite par une décision municipale datant de 1878 sur environ trois hectares où la présence des prostituées était tolérée pendant près de 65 ans.
Cruauté masquée derrière l’apparente légèreté
« Ce tableau pouvait sembler convivial et joyeux car les femmes feignaient le bonheur pour séduire leurs clients. Et il y avait continuellement cette musique—celle provenant des musiciens ambulants ou encore celle issues d’organes mécaniques mélancoliques enrichissant notre ambiance collective. » Cette constatation poignante est exprimée par Martin Huc, historien et auteur du livre “Marseille interdite”. Il pointe néanmoins que derrière cette façade colorée se cache une dure réalité faite d’indigence et d’exploitation féminine.
Entre détresse sociale et exploitation © France Télévisions
L’émergence d’une école criminelle
« Ce lieu est le socle où se rassemblent voleurs, malfrats, formant ainsi bénévolement ‘l’école’ qui donnera naissance à un embryon structuré du crime organisé. » Martin Huc nous rappelle que cet espace devient rapidement un centre névralgique pour diverses activités illégales: drogue, trafic humain… Certaines connexions dépassent bientôt l’échelle locale jusqu’à toucher même le plan national voire international.
La fin tragique sous l’occupation nazie
Destruction nazie : effacement tant physique que mémoriel © France Télévisions
L’opium importé depuis Indochine ou encore le haschich venant directement d’Algérie étaient monnaie courante tandis qu’un environnement criminel prospérait sans contrôle apparent aux yeux des autorités locales qui semblaient hésiter à agir jusqu’à ce qu’elles soient finalement remplacées par les troupes allemandes. En 1943, ces dernières expulsèrent définitivement les résidents avec près de 800 déportations signalées; suivies peu après par la démolition inhumains au sein même du cœur populaire réservé.
Martin Huc explique : »Pour les nazis ces lieux représentaient tout ce qu’ils rejetaient comme idéal sociétal : vieux quartiers hétéroclites difficiles à contrôler faute d’hygiène avérée ». Bombardant physiquement ce secteur historique ils ont aussi balayé son souvenir vivant parmi ceux ayant marqué Marseille. »
« Marseille interdite 1878/1943 : Un voyage archivé au coeur-même Quartier Réservé”M.HUC , Édition La Manufactureलगोलेयनने!!